lundi 9 novembre 2009

Faire l'amour, Jean Philippe Toussaint

J'ai acheté ce livre complètement par hasard. J'avais décidé d'aller voir à quoi ressemble la librairie du MK2 bibliothèque. Et étant dans l'incapacité de ressortir d'une librairie les mains vides il fallait que je trouve un livre. Seulement je n'avais que 6 euros. Je devais donc choisir un format poche, et assez court pour rentrer dans mon budget. Je dois dire que je n'avais pas mille choix. Le titre, Faire l'amour, m'a attiré, pas besoin, je pense, de vous expliquer pourquoi. Je ne connaissais pas Jean Philippe Toussaint jusque-là. Je dois avouer que ce concours de circonstances était une bonne chose car je n'ai pas du tout été déçue par ce roman. J.P. Toussaint utilise Tokyo comme toile de fond à une rupture déchirante. Un décor qui me fait penser au film Lost in translation. La ville apparaît comme gigantesque, inquiétante mais aussi sublime! Un cadre parfait pour la violence des sentiments de deux êtres qui s'aiment toujours mais ne se supportent plus. Les personnages se haïssent autant qu'ils s'aiment, se déchirent pour mieux se retrouver. Mais c'est annoncé dès le début, la fin sera inéluctable. On assiste donc tout au long du roman au déchirement de deux amants. En écrivant ça, je ne peux m'empêcher de penser à la chanson de Brel, Orly. Ces paroles s'accordent à merveille avec l'histoire narrée:
Et puis infiniment
Comme deux corps qui prient
Infiniment lentement
Ces deux corps se séparent
Et en se séparant
Ces deux corps se déchirent
Et je vous jure qu'ils crient
Et puis ils se reprennent
Redeviennent un seul
Redeviennent le feu
Et puis se redéchirent
Se tiennent par les yeux
Et puis en reculant
Comme la mer se retire
Il consomme l'adieu
Il bave quelques mots
Agite une vague main
Et brusquement il fuit
Fuit sans se retourner
Et puis il disparaît
Bouffé par l'escalier.
C'est assez rare qu'en lisant un livre, je puisse y associer les images d'un film ou les paroles d'une chanson pour que ca ne me marque pas. Un gros coup de cœur donc pour Faire l'amour, dont j'ai appris le jour où je le terminais, que ce n'était que le premier d'une trilogie. Le deuxième, Fuir, a reçu le prix Médicis en 2005 et le troisième, La vérité sur Marie, le prix Décembre la semaine dernière.