mercredi 21 avril 2010

Une éducation libertine, Jean-Baptiste Del Amo

Une éducation libertine est le premier roman de Jean-Baptiste Del Amo. Récompensé en 2008 par le prix Goncourt du meilleur premier roman. Récompense amplement méritée à mon sens. Une éducation libertine s'inscrit au coeur du 18eme siècle et nous raconte l'histoire du jeune Gaspard, fils de porcher, 19 ans, fraîchement arrivé de Quimper. Il va au fur et à mesure du roman passer par différentes classes sociales, de la plus basse à la plus haute (ou presque, il ne devient pas roi)! Jean-Baptiste Del Amo a créé la puissance de ce roman en le rendant extrêmement sensitif et sensuel ou plutôt sexuel. Contrairement à de nombreux romans historiques qui pourraient donner envie de vivre au siècle des lumières pour une raison ou une autre, ici, si comme moi on déteste les mauvaises odeurs on est reconnaissant de vivre au 21eme siècle. Même si la description que Jean-Baptiste Del Amo peut parfois faire ressembler à celle de Zola, elle ne provoque pas le même ennui (et pourtant j'adore Zola). Ses descriptions olfactives on par moment presque réussi à me soulever le cœur . Paris pue à cette époque, que ce soit l'été ou l'hiver Paris pue. L'été c'est la sueur, les corps en décomposition, les viandes et les légumes des étals qui pourrissent... L'hiver c'est la pluie qui fait déborder les fosses d'aisances et remplit les rues d'étrons. On en rêve n'est ce pas?! Et il parvient grâce à cette technique à donner une vie presque réelle au roman, pour peu qu'on se laisse aller et boum nous voilà transporter dans le passé. Venons-en maintenant au plus passionnant, parce que je vous l'accorde le livre ne s'appelle pas une éducation olfactive mais libertine. Je me doutait donc que le livre traiterait donc de moeurs légers et probablement d'intrigues sexuelles à la manière de Laclos. Mais l'auteur y traite en fait de sujet très contemporain (à part peut être du manque de pudeur des classes les plus basses) comme l'homosexualité (ou plutôt la pédérastie), la prostitution des hommes et bien entendu du libertinage. Pour les classes hautes l'ardeur du désir s'explique aisément par la dictature des moeurs et du mariage qui régnaient à cette époque. Pour les classes les plus basses ce serait plutôt la rage du désespoir et le sentiment que c'est la seule jouissance qu'ils peuvent tirer de leurs vies misérables qui les poussent à une fornication intense! Quoi qu'il en soit partout on fait l'amour. Et c'est grâce à cela que le jeune Gaspard va réussir à changer de vie, parfois pour le meilleur et souvent pour le pire!

jeudi 18 mars 2010

Le baron perché, Italo Calvino

Le baron perché est le second tome d'une trilogie "Nos ancêtres". Le premier étant Le vicomte pourfendu et le dernier Le chevalier inexistant. Italo Calvino utilise dans cette trilogie une forme de littérature fabuleuse et fantastique, bourrée de charme et de poésie. Il en transparaît une morale proche des esprits du siècle des lumières. Dans le Baron perché, un jeune aristocrate de 12 ans, dans un accès de rébellion, se décide à aller vivre dans les arbres pour ne plus jamais remettre les pieds sur terre. Ce qui à l'origine n'est que fierté et passion d'un enfant devient petit à petit un mode de vie jugé meilleur. Si le baron vit en totale harmonie avec la nature, il n'a de cesse de s'instruire et de conseiller de manière avisée ses concitoyens. L'action se déroule dans le nord de l'Italie, région plus ou moins épargnée des évènements historiques. Cependant, comme le dit le Baron "Nous vivons dans un pays où se produisent toujours les causes et jamais les effets", lorsqu'il évoque en arrière plan la chute de la monarchie, ou les conquêtes de Napoléon. Napoléon qui viendra d'ailleurs lui rendre visite lors de son retour de Milan. Il évoque aussi les Jésuites, les francs-maçons et autre société secrètes ou semis-secrètes qui naissent à foison dans cette période de troubles. Pour la population locale, le Baron passe d'abord pour être fou, puis devient leur maître à penser pour redevenir fou après qu'il eût le cœur brisé par une belle marquise. Mais jamais il ne perdra leur respect!

lundi 18 janvier 2010

Panda sex, Mian Mian

Première information cruciale puisque c'est celle qui nous est donnée en 4eme de couverture: le panda ne fait l'amour que deux fois par an. Il s'avère que des scientifiques ont tenté de nombreuses méthodes d'excitation dont la visualisation de films pornos (quel genre j'aimerais savoir), mais rien n'y fait. Sachant déjà que Mian Mian dans les bonbons chinois avait dépeint une jeune shangaïenne "underground" très réaliste (preuve en est que ses écrits sont interdits en Chine) et en jeune occidentale, tout à fait ignorante des habitudes asiatiques et plus précisément chinoises, je me demande si le "virus du panda" a contaminé les chinois(e)s. Et la réponse n'est ni vraiment oui, ni vraiment non. Non effectivement ils ne font pas l'amour que deux fois par an. Tout le roman tournant autour de la séduction et du sexe. De la découverte des corps qui crée l'exaltation et de l'intimité qui tue les passions. Un sujet de conversation presque unique dans la bouche de chacun des personnages: le sexe. Mais quelle nostalgie, quel désespoir, quelle amertume dans leurs visions des rapports humains! Une description de mœurs déjà approchée par d'autres auteurs mais approfondie par Mian Mian d'une manière très crue et très poétique. J'ai été très surprise (et plutôt agréablement) par l'étrange agencement des textes (tirés d'enregistrements de conversations) et la manière qu'a Mian Mian de jouer avec le temps. En effet elle ne nous raconte pas vraiment une histoire mais ses contemporains, donc jouer avec les jours et les semaines si cela peut légèrement nous embrouiller ajoute de la beauté et de la réalité dans la narration, comme si l'on suivait les souvenirs de plusieurs personnes selon leur bon vouloir.

La délicatesse, David Foenkinos

La première impression en refermant ce livre est d'abord qu'il mérite terriblement bien son nom. Puis je cherche à le conseiller à mon frère et tente de trouver les mots justes pour le convaincre. Et je n'ai réussi qu'à trouver le meilleur pour l'en dissuader: "c'est charmant". Je lis l'ennui dans ses yeux et aussitôt j'ai envie de me mordre la langue. Oui pendant quelques minutes après avoir fermé ce livre j'ai été prise d'un élan de naïveté de grande romantique. Mais je m'en excuse. Ce roman n'est pas juste une belle histoire d'amour. C'est aussi pour moi une véritable leçon de style, alliant, simplicité, originalité, humour, tendresse et anecdotes comme

Propos tenu par Ségolène Royal au moment ou elle est menée de 42 voix
Tu es insatiable Martine, tu ne veux pas reconnaître ma victoire.

Passage ceci dit assez peu représentatif du roman.
Je n'ose pas écrire trop de choses de peur de révéler des moments dont j'ai eu le plaisir de la surprise, et peur de ne pas en dire assez pour faire naître l'envie chez les quelques personnes qui liraient ce billet.
Je peux peut-être dire qu'on ne retrouve à aucun moments dans cette histoire d'amour les clichés habituels... à part peut être celui de la fin où tout se termine, comme toujours... mais c'est quoi déjà le cliché? Que ca termine bien ou mal?
Décision prise à la fin du roman de me pencher sur le reste de son oeuvre.